Dancing with my Star

- On travaille depuis à peine une heure, tu abandonnes déjà ? me défie Flora en s’approchant de moi aussi fraîche que lorsqu’elle a franchi les portes ce matin.

Tony m’avait prévenu qu’elle était plus rude qu’un adjudant-chef des marines, j’avais alors mis sa remarque sur le ton de la plaisanterie, pensant qu’il voulait me faire douter. En fait, il ne plaisantait pas du tout, il m’informait juste. Flora ferait pleurer le plus dur des commandos. Elle martèle ses ordres d’un ton rude et froid. Et fait répéter les pas jusqu’à une parfaite assimilation.

Elle me tend les mains pour m’aider à me relever.

- Allez, tu avances bien, on continue…

Elle est interrompue par l’équipe de tournage qui entre.

- Merde, marmonne-t-elle en français.

Et comme par magie, un sourire Colgate se plaque sur son visage.

L’équipe nous explique rapidement ce qu’ils veulent, l’annonce de la musique qui a été choisie et de la danse puis une rapide démonstration. Ils vont rester un peu plus d’une heure et demie avec nous, si tout se passe bien.

Très solennellement, nous nous asseyons sur le canapé qui vient d’apparaître. Flora est très à l’aise dans l’exercice, rien de plus normal puisqu’il s’agit de sa sixième participation à l’émission, moi je le suis un peu moins mais je calque mes réactions sur les siennes.

Sans grande surprise puisque nous dansons dessus depuis le début de la matinée, elle m’annonce que nous ferons un jive sur Happy de Pharrell Williams. Nous bouclons en trois prises et les répétitions peuvent reprendre. J’ai l’impression de ne plus avoir le même professeur. Sa méthode n’a pas changé, elle me montre les pas, les répète avec moi puis attend que je les reproduise. Sauf que maintenant, sa voix est douce et posée. Elle est beaucoup plus tactile que tout à l’heure, ce qui n’est pas pour me déplaire et c’est bien là le souci. Elle commence à m’expliquer la figure du cavalier lorsque Stan, le journaliste perchiste, nous interrompt.

- Flora, tu comptes garder ton pull tout le long ?

Elle regarde son haut et fronce les sourcils puis lui offre un magnifique sourire forcé.

- J’aime tellement quand tu me demandes de me déshabiller Stan, c’est tellement romantique.

- Ce n’est pas ma faute si les mecs bavent sur ton cul et si les femmes envient tes seins.

- Et maintenant des compliments, quel gentleman !

Elle ôte son pull, le jette plus loin et revient à côté de moi dans son legging et une ridicule brassière rose fluo, laissant apparaître son ventre plat et musclé ainsi que la naissance de ses seins.

Les choses vont vraiment devenir compliquées.

La figure du cavalier consiste à ce que je la fasse basculer en avant alors qu’elle a ses jambes tendues de part et d’autre de ma taille. Quand elle bascule, nos entrejambes sont vraiment, vraiment très proches…

Bordel !

J’ai beau faire appel à toutes mes facultés, mon anatomie a décidé de se manifester malgré moi. Ce qui m’empêche de me concentrer sur les mouvements. Je la rattrape mal, manque de la faire tomber quand je la bascule, de peur que la bosse dans mon jogging l’atteigne.

- OK ! Pause.

Elle va éteindre la musique et revient vers moi à pas de charge.

- Il se passe quoi là ? Aïden concentre-toi !

Je me prends la tête entre les mains et grogne. Énervé contre moi-même de ne pas réussir à contrôler mon attirance pour cette femme. J’ai simulé l’acte sexuel avec des femmes sublimes sans jamais que cela me pose de problèmes et là une légère accolade et je n’arrive pas à me maîtriser.

Je dois me reprendre. Ce n’est qu’une attirance physique. OK, elle est sublime, c’est un fait. Ce n’est pas la première…

Je fais les cent pas.

Stan s’avance vers moi et commence à me poser des questions débiles.

« Pourquoi te mets-tu dans cet état ? Tu pensais que ce serait plus facile ? Flora peut être vraiment dure, hein ? »

Ce n’est pas Flora qui est dure bordel, mais moi et comme de la pierre!

Je leur fais signe de m’attendre une minute et vais aux toilettes pour me rafraîchir.